Oui quand je pense à "toi" , quand je te prenais la main, impression de chaleur.
Cela fait longtemps que tu nous a quitté "physiquement" , et pourtant tu es toujours avec moi.
mais jusqu'à cet été , chaque année je pouvais revenir , rentrer dans ton bureau, te revoir dans les pièces et sur la terrasse , et au bord de la piscine, devant le barbecue, et là c'est fini, la maison est vendue.
Et dans la nôtre , tu n'es jamais venu, tu n'étais déjà plus là..Donc il n'y a plus aucun endroit où me rattacher.
Il ne reste que les souvenirs.
Tes outils, tes stylos, ton parfum, les livres de bibliothèques rose et verte..ceux que tu voulais garder pour les "petits enfants" et qui représentent toute mon enfance, car oui , pendant mes 1eres années ,et toute mon école primaire, j'ai vécu en Afrique, et sans télé ,sans shopping, sans console de jeux, j'ai lu et relu et relu mes livres, la comtesse de Ségur, le Club des 5, Fantomette et j'en passe ( parce qu'un jour j'en reparlerai..si si ..) et j'étais heureuse!
Alors aujourd'hui , à l'ére d'internet, de Facebook, de Pinterest,( qui m'apporte aussi beaucoup, je ne renie pas ces "nouveaux" outils) , on se laisse facilement aller à..la facilité...
Mais, n'oublions pas que tous ces messages ne seront plus là dans quelques années(et bien avant..) et que prendre la plume pour écrire "en vrai", prend un peu plus de temps mais ..une carte postale, une lettre , cela se glisse dans un livre..
...un quoi ? UN LIVRE !! même de cuisine.. et quand on retombe dessus , des semaines ou des mois,des années après..tous les souvenirs remontent et cela fait du bien !!Quand on parle de livres et de souvenirs, avez vous remarqué l'odeur de certains ? Les plus anciens , quand je les ouvre , je me retrouve dans la maison de mon arrière grand mère, images fugaces de grenier, un peu comme dans cet écomusée, pas très grand mais tellement riche de ce passé que d'après moi il ne faut pas oublier...
Toutes ces "petites madeleines de Proust"..que l'on sème au cours de notre existence..
Et pour changer de ..la madeleine..je vous propose d'essayer :
la recette des Gaufres de "Monsieur Conticini", testée en juillet :
il vous faut pour environ 12 gaufres
310 g de farine
25 g de sucre + 10 g de cassonade
1 petite pincée de sel
125 g de lait (je prends du 1/2 écrémé)
1 oeuf
25 g de levure fraîche de boulanger (soit 1 cube, on en trouve dans les grandes surfaces au rayon frais boulangerie)
(ou 8 g de levure de boulanger sèche)
200 g de beurre mou
250 g de sucre en grain (le même que pour les chouquettes)
Dans le bol du robot, mélangez avec le crochet les ingrédients secs (farine, sucre, cassonade et sel).
Arrêtez le robot, faire un puit et y verser la levure, le lait tiède, l'oeuf et le beurre mou. Remélangez au crochet ,7-8 minutes.
Laissez la pâte se reposer ( et prenez un bouquin, ou ..parcourez mon blog et..partagez..ou ..lachez prise)
Rajoutez le sucre en grain et bien l'incorporer. et mélanger à nouveau afin que les grains de sucre soient bien répartis dans la pâte.
Ensuite , posez une feuille de papier sulfurisé sur une plaque, déposez la pâte(un peu..beaucoup molle..) et redéposez par dessus, une 2e feuille de papier, puis étalez (tant bien que mal..c'est très mou) à la main ou au rouleau sur 1cm d'épaisseur.
Mettez au frigo, minimum 1h (si vous êtes très organisé(e), vous pouvez la faire la veille).
Le temps a passé...Sortez le gaufrier et une fois bien chaud, déposez des patons directement et refermez..Cuisson environ 4min (à voir)
Les gaufres ne sont pas très fermes, il faut les prendre avec une spatule, laissez refroidir un peu (tout petit peu) et que chacun et chacune se serve..
Et continuez..encouragé(e) par les "miam, c'est bon, ouh ça brule..", "oh ça sent bon qu'est ce que tu fais?"
Quelqu'un a dit:
"Je tiens ma gaufre,
mes mains comptent les bouchées,
Fugace bouillotte."
(Conclusion ...il faudra en refaire cet hiver...eh oui...)
Et maintenant un peu de culture.. pour nourrir ...les esprits..
extrait du fameux livre de Marcel Proust :
Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.
Proust - Du coté de chez Swann - A la recherche du temps perdu
"Mais il savait que les rencontres sont rarissimes,
celles qui émeuvent, transforment
et tracent une frontière sur le temps pour qu'il y ait un avant et un après."
( Yves Simon, Le voyageur magnifique)
Et vous ? Quelle est votre "madeleine de Proust"?